Frank Neveu filme les parades de Tétras Lyre pour le film de Jean-Michel Bertrand : La vallée des loups.
» Je rate rarement cet événement qui marque pour moi la fin de l’hiver en altitude et Jean-Michel souhaitait que je filme les tétras en laissant une large place au paysage, j’ai donc fais le tour des places de chant des Hautes-Alpes que je connaissais pendant une quinzaine de jours sans obtenir les images voulues.
Les « belles » places de chants se raréfient avec la montée en altitude de la forêt et ce n’est pas une vue de l’esprit : les anciennes places de chant se boisent à une vitesse surprenante. Il a fallu que je me déplace dans les Alpes du Nord où Benoit avait un spot qui convenait parfaitement à ce que je voulais.
Nous partons la veille du tournage avec pas mal de matériel.
Après quelques heures de marche en surprenant quelques chamois pas farouches nous arrivons sur un site dominant une large vallée avec une falaise bien exposée. La neige avait fondu laissant place à une pelouse de crocus.
Nous ne mettons pas longtemps à trouver les emplacements des arènes principales ce qui permet l’installation rapide les affuts en tenant compte du cadrage / position du soleil levant et de l’activité probable des animaux. Les affuts exposés au vent dominant sont solidement haubanés, pour éviter quelques déconvenues déjà vécues. Je laisse le matériel de tournage sur place et partons bivouaquer a quelques centaines de là. Le froid sec et l’éloignement des sources de pollution lumineuse nous ont offert un ciel merveilleusement étoilé. À 3h30 du matin, après un copieux petit déjeuner nous regagnons les affuts dans une nuit d’encre, l’herbe craquant sous nos pieds.
À 4h15 alors que nous sommes en place, immobiles et silencieux depuis une bonne demie-heure, le froid nous maintenant éveillés, le premier roucoulement moqueur se fit entendre au loin : » ça y est ils arrivent « .
C’est toujours un grand moment, l’arrivée de ces ombres qui roucoulent dans la nuit. La lumière est bien trop faible pour que je fasse que ce soit, alors je profite du spectacle, car ce sont bientôt quinze coqs qui se positionnent sur la place alternants combats, chants et intimidation. Les nuages du fond m’inquiètent, il en faut quelques un, mais pas trop, surtout pas trop.
À 6h, le ciel s’éclaircit et les quelques nuages se teintent de rose puis de pourpre … magique. »
A 8h, les oiseaux se calment un peu, les lumières sont déjà plus dures.
A 10H la place de chant est vide, les coqs sont repartis dans les mélèzins, plus bas … La journée n’est pas terminée pour autant : déplacer les affûts 10m plus à gauche, recharger les batteries, vider les cartes…
Extrait du journal d’un cameraman animalier, Frank Neveu
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